Conscience et Matière

 

 

 

Nous ne pourrons jamais prouver que la Matière crée la Conscience.

Nous ne pourrons jamais prouver que la Conscience crée la Matière.

La Matière ne procède que de sa propre nature par des modalités spécifiquement matérielles.

La Conscience ne procède que de sa propre nature par des modalités spécifiquement mentales.

Bien que leurs modalités soient spécifiques à leur nature, leur manifestation sont régies par cinq principes d’une même Loi génésiaque que l’on nomme « les cinq grands Éléments » (sct. pañca maha bhūta, tib. djoungpo tchèn po nga) : Espace, Air, Feu, Eau et Terre.

En dehors des cinq grands Éléments, aucune manifestation.

Cette Loi des cinq grands Éléments fait que la nature de toute manifestation est un continuum :

1) de nature transitoire et donc vide de toute réalité intrinsèque de sorte que seule une relativité phénoménale cohérente et conséquentielle se manifeste.

2) de nature transitoire et donc sans naissance ni cessation de sorte qu’aucun état de vacuité ni de plénitude ne peuvent aboutir.

3) de nature transitoire et donc dynamique (tib. tsèl) de sorte qu’il n’est pas d’instant qui puisse demeurer ; aucun état temporel d’un monde, d’un corps et d’une conscience.

4) de nature transitoire et donc efficiente de sorte qu’aucune cause ne subsiste à son effet et qu’aucun effet n’échappe à sa nature causale.

5) de nature transitoire et donc une co-émergence (sct. sahaja, tib. lhèn tchik kyé pa) de clarté/vide de sorte qu’aucune nature matérielle ne peut être annihilée ni aucune nature cognitive ne peut être anéantie.

6) de nature transitoire et donc omni-fonctionnelle de sorte qu’elle caractérise tous les mondes possibles depuis les enfers jusqu’aux Terres pures les plus élevées d’Akaniṣṭha.

 

Leur nature transitoire fait que Matière et Conscience co-opèrent dans le déploiement d’une relativité pleinière [1] (dharmadhatu), joyau de tout possible qui se rend loisible à nos aspirations (sct. samkalpa). À chacun d’en faire bon usage.

La nature transitoire de toute manifestation est le cadeau qui nous est donné de voir, d’entendre, de sentir, de toucher, de goûter et de penser, cela en toutes les phases (tib. bardo) possibles par lesquelles il nous est donné de transiter.

À chacun d’en avoir la gratitude et d’honorer les mémoires de ses vies et de ses morts tel un passant vigilant qui au gré de ses rencontres sans nombre a fini par comprendre que seule la bienveillance a pouvoir de donner sens.

Puissé-je, tel ce passant bienveillant, que je sois haï, méprisé ou adulé, reconnaître la nature transitoire des êtres et de leurs humeurs sans jamais me lasser de leur compagnie.

Puissé-je, tel ce passant déterminé, traverser tous les fleuves des manifestations transitoires des mondes, des corps et des consciences pareillement insondables et pourtant à portée d’esprit.

Puissé-je, tel cet humble passant, demeurer puéril à souhait face au Mystère de cette nature transitoire qui se doit d’être goûté et non pas résolu.

 

 

Lama Shérab Namdreul, 

La nuit d'un jeudi 19 avril 2025

 

 

 



[1] Bien que leurs manifestations soient régies par une même Loi génésiaque, contrairement à la Matière, la Con/science se nomme comme telle du fait d’un sixième Élément que l’on nomme en sanscrit "dhātu" (tib. kham) qui constitue l’activité proprement mentale d’ un processus conceptif/cognitif quinaire que l’on nomme « les cinq agrégats » (sct. pañca skandha, tib. poungpo nga).

Quand les cinq Éléments et les cinq agrégats sont dénués de saisies imputatives et de soif discriminante s’expriment sans distorsion (sct. klésha) les cinq sciences (sct. Jñāna, tib. yéshé) en l’Intelligence des cinq dhyanis bouddhas.

 

 

La passant

© Illustration de Jean Burget

 

Conscience et matière

 

 

 

Nous ne pourrons jamais prouver que la Matière crée la Conscience.

Nous ne pourrons jamais prouver que la Conscience crée la Matière.

La Matière ne procède que de sa propre nature par des modalités spécifiquement matérielles.

La Conscience ne procède que de sa propre nature par des modalités spécifiquement mentales.

Bien que leurs modalités soient spécifiques à leur nature, leur manifestation sont régies par cinq principes d’une même Loi génésiaque que l’on nomme « les cinq grands Éléments » (sct. pañca maha bhūta, tib. djoungpo tchèn po nga) : Espace, Air, Feu, Eau et Terre.

En dehors des cinq grands Éléments, aucune manifestation.

Cette Loi des cinq grands Éléments fait que la nature de toute manifestation est un continuum :

1) de nature transitoire et donc vide de toute réalité intrinsèque de sorte que seule une relativité phénoménale cohérente et conséquentielle se manifeste.

2) de nature transitoire et donc sans naissance ni cessation de sorte qu’aucun état de vacuité ni de plénitude ne peuvent aboutir.

3) de nature transitoire et donc dynamique (tib. tsèl) de sorte qu’il n’est pas d’instant qui puisse demeurer ; aucun état temporel d’un monde, d’un corps et d’une conscience.

4) de nature transitoire et donc efficiente de sorte qu’aucune cause ne subsiste à son effet et qu’aucun effet n’échappe à sa nature causale.

5) de nature transitoire et donc une co-émergence (sct. sahaja, tib. lhèn tchik kyé pa) de clarté/vide de sorte qu’aucune nature matérielle ne peut être annihilée ni aucune nature cognitive ne peut être anéantie.

6) de nature transitoire et donc omni-fonctionnelle de sorte qu’elle caractérise tous les mondes possibles depuis les enfers jusqu’aux Terres pures les plus élevées d’Akaniṣṭha.

 

Leur nature transitoire fait que Matière et Conscience co-opèrent dans le déploiement d’une relativité pleinière[1] (dharmadhatu), joyau de tout possible qui se rend loisible à nos aspirations (sct. samkalpa). À chacun d’en faire bon usage.

La nature transitoire de toute manifestation est le cadeau qui nous est donné de voir, d’entendre, de sentir, de toucher, de goûter et de penser, cela en toutes les phases (tib. bardo) possibles par lesquelles il nous est donné de transiter.

À chacun d’en avoir la gratitude et d’honorer les mémoires de ses vies et de ses morts tel un passant vigilant qui au gré de ses rencontres sans nombre a fini par comprendre que seule la bienveillance a pouvoir de donner sens.

Puissé-je, tel ce passant bienveillant, que je sois haï, méprisé ou adulé, reconnaître la nature transitoire des êtres et de leurs humeurs sans jamais me lasser de leur compagnie.

Puissé-je, tel ce passant déterminé, traverser tous les fleuves des manifestations transitoires des mondes, des corps et des consciences pareillement insondables et pourtant à portée d’esprit.

Puissé-je, tel cet humble passant, demeurer puéril à souhait face au Mystère de cette nature transitoire qui se doit d’être goûté et non pas résolu.

 

 

Lama Shérab Namdreul, 

La nuit d'un jeudi 19 avril 2025

 

 

 



[1] Bien que leurs manifestations soient régies par une même Loi génésiaque, contrairement à la Matière, la Con/science se nomme comme telle du fait d’un sixième Élément que l’on nomme en sanscrit "dhātu" (tib. kham) qui constitue l’activité proprement mentale d’ un processus conceptif/cognitif quinaire que l’on nomme « les cinq agrégats » (sct. pañca skandha, tib. poungpo nga).

Quand les cinq Éléments et les cinq agrégats sont dénués de saisies imputatives et de soif discriminante s’expriment sans distorsion (sct. klésha) les cinq sciences (sct. Jñāna, tib. yéshé) en l’Intelligence des cinq dhyanis bouddhas.